Journal fâché avec tout le monde. Ou presque. Journal satirique d’analyse politique.
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Presse indépendante
Le journal Fakir est un journal papier, en vente dans tous les bons kiosques près de chez vous.
Sans pub ni subvention, il ne peut réaliser des reportages que parce qu’il est acheté ou parce qu’on y est abonné !
Sans vous on ne peut rien. Avec vous on peut beaucoup.
Notre Histoire
En l’an de grâce mil neuf cent quatre vingt dix neuf, on mettait en page le premier numéro de Fakir. Le vieux PC ramait, ramait, ramait, ramait. Dès qu’on déplaçait un dessin, même d’un centimètre, il entamait des calculs infinis, le temps de boire un coup, de remonter, toujours pas fini, puis d’avaler une part de quiche lorraine, toujours pas fini, puis de nettoyer la vaisselle. C’est simple, rien ne fonctionnait, et nul mécène ne mettait du liquide dans les rouages. C’est que Fakir s’inscrivait, d’emblée, sous le signe de la lutte. Une lutte idéologique, obsessionnelle, contre un Journal des Amiénois qui se flattait de « voir la ville avec des lunettes roses » (JDA, été 99). Sabre au clair, la plume comme épée, les têtes de ses rédacteurs, de ses financeurs, tomberaient !
Mais avant ces gloires de papier, il fallait mener d’autres luttes, plus prosaïques, pour maquetter, imprimer, diffuser, et la ligne choisie, à notre grande surprise, n’attirait que modérément les investisseurs. Devant le numéro zéro, les banquiers se défilèrent avec une moue d’étonnement. Les commerçants ne se transformaient que rarement en annonceurs. La subvention promise de l’Université d’Amiens tardait jusqu’à l’annulation. Qu’importe : le dévouement remplaça l’argent. Le premier tirage fut ainsi agrafé à la main, jusqu’au crampes, par notre ami (ultralibéral et biélorusse) André et une étudiante lituanienne, main d’œuvre étrangère et bénévole...
Un pet dans le coquetèle
Fakir a débarqué, sans le savoir, sans le vouloir, sans se proclamer ni anarchiste ni libertaire ni rien, comme un chien fou dans un jeu de quilles institutionnelles. Dans le concert des politesses et des amabilités réciproques, notre premier numéro et les suivants ont résonné comme un coup de pistolet. Comme un prout sonore dans un coquetèle. Des malotrus, nous étions. On nous promettait, à la fac, des trente, quarante, cinquante mille francs de subventions, jusqu’à ce que l’engouement fléchisse : « Votre journal rappelle les plus mauvais temps de la collaboration ». « Les plus mauvais temps de la collaboration » ? Le jury, national, d’anima’Fac en jugea autrement : pour le même numéro, nous reçûmes un chèque de 8 000 F et le prix de « l’Esprit Civique »...
Le noyau doux
Sitôt le premier numéro paru, des bonnes volontés se sont signalées. Un noyau plus doux que dur, assemblage hétérodoxe de laïcards anars et de chrétiens sociaux, individus en rupture de parti, de syndicat ou d’église, chapelle où la nonne défroquée voisine avec le bouffe-curé. Les débats s’enlisèrent parfois, des portes claquèrent bien sûr, mais plutôt rarement, somme toute, dans une presse alternative accoutumée aux psychodrames et aux scissions. La ligne éditoriale, dogmatique, était rabâchée : des faits sociaux locaux, il nous fallait. Pas des éditoriaux. On ne prenait pas la parole, on la donnait d’abord : aux anonymes, à ceux, ouvriers, employés, stagiaires, etc, qui, dominés dans l’existence, sont ignorés dans les médias. On devait parler à nos amis de nos voisins, en gros, et pas d’article sans une modeste enquête.
Mais c’est la distribution, plus que la recherche d’informations, qui bouffait alors nos énergies : à quoi bon un journal si, mal diffusé, sans publicité, il n’est pas lu ? Il fallait vendre, donc, les mains dans le cambouis. Vendre à la sortie de la Macu (Maison de la culture), dans les bars, au Resto U, dans les couloirs du campus, vendre des abonnements, vendre par téléphone, vendre cinq, dix, vingt exemplaires à des enseignants qui revendraient dans leur collège et lycée, vendre au marché de Noël, des moufles au mains, devant des passants à l’indifférence méfiante où se devine la quintessence du tempérament picard... Une fièvre commerciale, nécessaire.
Un baroud qui dure
Si l’aventure fakirienne s’est inscrite dans la durée, c’est que le projet est devenu collectif, a trouvé mille bonnes volontés sur qui s’appuyer pour les illustrations, la mise en page, la diffusion, la logistisque... C’est grâce à eux. Grâce à des petits courriers aussi, reçus par la Poste avec des bulletins d’abonnements. Grâce à tous nos lecteurs, qui ne se dénombrent pas par millions, non, mais qui augmentent et dont on éprouve chaque jour, presque, la force de l’attachement à notre journal, et ça compte plus que l’audimat.