Dissolution : un pognon de dingue
28 000 euros de retraite pour Barnier, 28 millions gaspillés pour les élections avec la dissolution. Des chiffres pour comprendre à quel point nos dirigeants nous crachent au visage sans même prendre la peine de faire semblant.
28.000 euros
C’est le montant de la retraite de Michel Barnier, que Macron vient de nommer Premier Ministre. Le politicien de droite radicale, âgé de 73 ans, n’a jamais vraiment travaillé puisqu’il a commencé sa carrière politique il y a plus de 50 ans, sous le président Pompidou, quand la majorité des français-es n’étaient même pas né-es.
Il a enchaîné les postes de conseiller et les mandats grassement rémunérés, en France mais aussi auprès de l’Union Européenne. Des fonctions planquées et prestigieuses dans les palais dorés du pouvoir, sans fatigue physique et agrémentées de privilèges indécents. Depuis qu’il a 20 ans.
Selon le calcul de l’hebdomadaire Marianne, Michel Barnier peut percevoir une retraite de 28.270 euros par mois : il a été parlementaire pendant 17 ans et ministre pendant 7 ans, ce qui lui offre une retraite de 7.637 euros bruts. En tant qu’ancien membre du Conseil d’État, il a le droit à une pension de 5.300 euros bruts par mois.
Ce n’est pas tout. En bon cumulard, Michel Barnier a aussi été 26 ans au conseil général de la Savoie, ce qui lui offre au total une pension de 13.187 euros bruts pour la France. Il touchera d’autres montants en tant que coprésident du Comité d’organisation des Jeux olympiques d’hiver d’Albertville en 1992 et de vice-président d’une holding pharmaceutique, Mérieux Alliance, pour qui il a été lobbyiste.
Enfin, en tant que commissaire européen pendant plus de neuf ans, mais aussi en tant que négociateur en chef du Brexit pendant cinq ans, l’Union Européenne lui permet de toucher 15.083 euros bruts par mois à vie. Le cabinet du nouveau Premier Ministre fait savoir qu’il renonce temporairement à sa pension de l’Union Européenne, un beau geste de dévouement pour ce retraité modeste.
Actuellement nommé Premier Ministre, Michel Barnier est également rémunéré : 16.038 euros bruts mensuels, sans compter la vie de château réservée aux locataires de Matignon. Mais ce n’est pas tout : les Premiers Ministres, quel que soit leur temps d’exercice, bénéficient d’une prime de 45.000 euros lorsqu’ils quittent le poste et de nombreux avantages pour le reste de leur vie : voiture et chauffeur de fonction, un secrétaire personnel payé par l’État et une protection policière. Par exemple, Gabriel Attal, éphémère Premier Ministre âgé de 35 ans, pourra percevoir ces généreux cadeaux de l’État français jusqu’à sa mort. Des dizaines de milliers d’euros par an.
Michel Barnier est un de ces assistés qui a bénéficié toute sa carrière des largesses ahurissantes de la République, alors qu’il a littéralement consacré sa vie à démolir l’État social et s’attaquer aux droits des plus pauvres.
Il n’a pas seulement voté contre la dépénalisation de l’homosexualité, le remboursement de l’IVG et la création d’équipes médico-sociales chargées d’accueillir les victimes de violences sexuelles dans les années 1980. Il a aussi voté contre la possibilité de réintégrer les salariés licenciés pour leurs engagements syndicaux, pour toutes les lois néolibérales et le détricotage du code du travail. Il est aussi favorable au recul de l’âge de départ en retraite à 65 ans, l’augmentation du temps de travail hebdomadaire, et il envisage de nommer un gouvernement de guerre sociale avec des ministre de droite extrême qui feraient passer les macronistes pour de timides centristes.
Du haut de sa carrière dorée et de sa retraite indécente, Barnier est le genre de personnage qui réclame le “sérieux budgétaire”, appelle les ouvriers du BTP à se briser le dos deux ans de plus ou à rogner les minimas sociaux.
28 millions d’euros
Un caprice, un coup de poker, une « grenade dégoupillée » : la dissolution décidée par Macron en juin et l’organisation d’élections en urgence ont été la décision individuelle d’un président autoritaire. Un coup de tête qui a coûté plus de 28 millions d’euros d’argent public.
28.540.900 euros exactement, c’est le chiffre donné par le média France Info. En effet, puisque133 députés n’ont pas été réélus, l’État va devoir payer les frais de licenciement de tous les collaborateurs parlementaires virés. Des frais qui s’élèvent à 23,5 millions d’euros.
« L’allocation d’aide au retour à l’emploi des députés qui n’ont pas été réélus » va aussi coûter 1,9 million d’euros. Il faut dire que les anciens députés sont bien mieux accompagnés que les simples travailleurs virés comme des malpropres. L’État paie aussi la logistique des nouveaux députés et des collaborateurs pour 2,3 millions d’euros : l’achat de matériel, notamment informatique, la papèterie, les fournitures de bureau, les frais de communication… Les élus nous coûtent cher.
Sauf que le décompte de France Info est largement sous évalué. Appeler aux urnes 50 millions d’électeurs dans un pays comme le nôtre coute cher, très cher. Cela demande une organisation considérable. Il faut imprimer les bulletins, les professions de foi, rembourser les frais des partis, organiser les bureaux de vote… C’est énorme, et lancer des législatives en trois semaines seulement est un tour de force logistique supplémentaire.
Pour donner une idée, un rapport du Sénat rendu public en 2015 estimait que l’élection présidentielle et les élections législatives de 2012 avaient représenté pour l’État une dépense de 342 millions d’euros. En prenant en compte certaines dépenses non comptabilisées par le ministère de l’intérieur, l’Inspection générale de l’administration (IGA) arrivait à un montant de 437 millions d’euros. Presque un demi milliard d’euros.
Et depuis 2012, tout a augmenté : le prix du papier, de l’électricité, de l’essence qui sert à transporter le matériel, les frais postaux… Rien que le processus du vote par procuration avait coûté 47,5 millions d’euros en 2012. En 2024, il n’y a jamais eu autant de procurations.
On peut donc probablement multiplier les 28 millions d’euros estimés par France Info par 10 pour avoir une idée du prix du caprice de Macron. Tout ça pour rien, puisque les résultats ont été piétinés et que tout continue comme avant. En pire.