Nouvelles partagées du 15 février 2020
Comment le vélo redessine la ville
Le cliquetis d’une roue libre, un éclat de voix, le cri d’une mouette… Copenhague résonne de sons étranges, devenus inaudibles dans les villes envahies par le bruit des moteurs. Sur la piste du pont Langebro, un quinquagénaire en costume-cravate file sur son vélo tout-terrain. Roulant plus tranquillement, un homme âgé a pris soin d’emporter sa canne sur son porte-bagages. Un jeune en jean élimé trimballe un carton de bières tout en doublant une jeune femme en robe chic et talons. Il n’y a pas de sociologie du cycliste dans la capitale du Danemark : tout le monde ou presque (quatre habitants sur cinq) pédale, et en toutes circonstances, comme l’illustre cette femme qui transporte quatre enfants dans la remorque de son vélo-cargo. On peut même croiser sur sa selle M. Mogens Lykketoft, ancien président de l’Assemblée générale des Nations unies, qui défend ce mode de déplacement comme le meilleur pour atteindre onze des dix-sept Objectifs de développement durable que l’organisation internationale s’est fixés d’ici à 2030.(...)
Avec 19 000 passages par jour, sa fréquentation dépasse toutes les prévisions. Copenhague s’est fixé pour ambition qu’un déplacement sur deux vers le travail ou le lieu d’études soit effectué à vélo en 2025. Et c’est déjà presque le cas : en 2018, la part du vélo dans les déplacements quotidiens (« part modale ») représentait 49 %, contre 6 % pour la marche, 18 % pour les transports publics et 27 % pour la voiture.
Par comparaison, elle n’est que de 4 % à Paris, et de 12 % à 16 % pour les villes françaises les moins en retard : Bordeaux, Grenoble et Strasbourg. (...)
Un combat minoritaire devenu consensuel (...) Autre particularité que l’on n’est pas près de voir à Paris et dans les autres grandes villes françaises : ici, tous les conseillers municipaux roulent à bicyclette.
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